Histoires d’archives Paul Reynaud (extrait du « Provençal » du 10 septembre 1960. La photo est ainsi légendée : « Le président Paul Reynaud sur la terrasse de sa villa du Plan à Barcelonnette, le jour du 20e anniversaire de son arrestation par les policiers vichyssois ». Les Archives départementales racontent… Le régime de Vichy et la défaite L’arrestation de Paul Reynaud, ancien président du Conseil, à Barcelonnette (juin-septembre 1940) Les choses n’ont pas traîné ! Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale confie les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le 22 juillet, Vichy ordonne au préfet des Basses- Alpes de faire surveiller Paul Reynaud, alors réfugié dans sa propriété familiale du Plan, située sur la RN 100 à trois kilomètres de Barcelonnette. Vichy craint sa fuite à l’étranger. Partisan de la poursuite de la guerre contre l’Allemagne malgré la « débâcle » de l’armée française, mais isolé au sein du gouvernement, Paul Reynaud avait été contraint à s’effacer le 16 juin 1940 au profit de Pétain qui, lui, était favorable à un armistice, signé le 22 avec l’Allemagne. En juillet, le préfet éprouve des difficultés pour organiser la surveillance comme il le souligne dans un télégramme adressé à Vichy : « Intéressé se trouve dans zone démilitarisée 14 e région et concours autorité militaire impossible – STOP – […] Seule assignation résidence surveillée loin frontière susceptible éviter toute fuite car Barcelonnette est à quinze kilomètres vol d’oiseau lignes occupation italienne et cette région très familière à M. Paul Reynaud où il compte amis guides fidèles connaissant les sentiers les plus difficiles loin de tout poste observation. » Vichy met à sa disposition des inspecteurs de la sûreté qui s’intègrent au dispositif de surveillance de la gendarmerie. Selon les rapports du sous-préfet, Paul Reynaud se repose, reçoit des amis, se promène, pêche au lac du Lauzet, fait du vélo et lit l’Histoire de France de Lavisse récemment acquise. Le 4 septembre, la surveillance est renforcée : Ordre d’arrestation de Paul Reynaud signé le 4 septembre par Adrien Marquet, éphémère ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Laval, de juin au 6 septembre 1940. L’ordre rappelle que c’est conformément à la loi du 3 septembre 1940, qui vise les « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique » et conduit à leur internement administratif, que Paul Reynaud est arrêté. les gendarmes installent trois barrages routiers ; le 5, sont envoyés à Digne de nouveaux policiers. Dans la nuit du 7 septembre, Paul Reynaud est arrêté et transféré sous escorte policière au château de Chazeyron, dans le Puy-de-Dôme, afin d’être jugé au procès de Riom. Mais les poursuites contre lui sont abandonnées ; néanmoins il est incarcéré, avec Blum, Daladier et Gamelin, au fort du Portalet, dans les Basses-Pyrénées jusqu’à son transfert par les Allemands, en 1942, au camp de Sachsenhausen, et, de là, au château d’Itter, dans le Tyrol. C’est là que l’armée américaine le libère, le 7 mai 1945, à la veille de l’acte de capitulation de l’Allemagne, qui marque la fin de la guerre en Europe. |