Saint-Quentin Parcours Le boulanger saint-quentinois quittera la France pour la Chine à la fin de l’année. 8 février 1971 : naissance à Cambrai (Nord) 1985 à 1987 : apprentissage à Villers- Outréaux chez un vieux boulanger qui travaillait à l’ancienne. 1987 à 1994 : travaille à l’étranger, en Europe et aux Etats-Unis. 1994 : retour en France à Ribemont dans l’Aisne. 2000 : ouvre une boulangerie biologique "Le four à bois" à Saint-Quentin. 2001 : mariage avec Françoise 2008 : lancement des formations en boulangerie artisanale à Canton en Chine. 2009 : départ pour la Chine. 10 l’entretien L’Aisne : pourquoi avez-vous choisi de vous expatrier en Chine ? Pourquoi ce pays ? Jérôme Bruet : parce que je partage la même philosophie de vie que son peuple. Depuis des millénaires, les Chinois recherchent en tout la qualité et le naturel y compris dans l’alimentation. La santé, le bien-être et l’alimentation chez eux sont étroitement liés. Je me suis rendu trois fois en Chine ces deux dernières années, à Pékin, Hong Kong et à Canton pour faire connaître ma méthode de fabrication du pain à l’ancienne par le biais notamment de séminaires d’entrepreneurs. Mes produits et la passion de mon métier ont séduit. J’ai vite réalisé les opportunités de marché à saisir. Là-bas, j’ai beaucoup plus de chances de voir pérenniser mon métier artisanal de plus en plus menacé en France face au développement de la production indus- l'Aisne 167 - Juillet/Août 2008 Mes projets ont suscité beaucoup d’intérêt mais ont aussi été qualifiés de complètement fous. nes choses, un peu plus chères. Je le vérifie dans ma boulangerie à Saint-Quentin. Mes clients sont des gens qui ont un peu plus de moyens. Il suffit qu’une partie de cette clientèle parte en vacances et c’est tout de suite plus calme dans la boutique. Mon Jérôme Brue Jérôme Bruet, 37 ans, artisan boulanger de Saint-Quentin, s’exporte avec son savoir-faire. Il s’apprête à s’installer définitivement en Chine, pays décrié pour son régime politique, mais marché en pleine expansion. trielle. Je regrette de voir les consommateurs français courir de plus en plus après le produit discount, la faute à un pouvoir d’achat toujours en baisse. Cette situation leur fait perdre peu à peu le goût des bonépouse, Françoise, tient également une boulangerie bio à Ribemont. Pour maintenir notre activité artisanale, nous assurons plusieurs marchés par semaine dans l’Aisne et quelques grandes villes du Nord jusqu’en Belgique. D’ici quelques années, un grand nombre de boulangeries artisanales comme les nôtres vont disparaître. Au même titre que le métier de maréchal-ferrant par exemple, nos professions seront reconnues à titre posthume. Alors, je préfère anticiper et aller m’installer en Asie pour continuer à transmettre notre savoir-faire français très prisé là-bas. L’A : quels sont vos projets en Chine ? J.B. : j’en ai plein ! Tout est à faire là-bas ! Actuellement, je travaille sur trois princi- |