A lire Adaq « L’escargot, la girafe et les autres « Editions la Vague verte 80430 Inval-Boiron 03 22 31 90 36 De son vrai nom Jean- François Watier, Adaq a fait ses études à l’école des Beaux Arts de Valenciennes avant de devenir professeur d’éducation artistique et d’arts appliqués au lycée Colard Noël de Saint-Quentin. Les dessins de ce recueil sont une rétrospective de ses travaux depuis les années 1987/1988, ils illustrent avec humour les relations houleuses et complices qui unissent l’homme et l’animal avec force jeux de mots, expressions détournées et remarques pincesans-rire. La bibliothèque de l’espace culturel de l’hôpital de Prémontré possède 10 000 ouvrages. 28 culture Réalisée par les patients sous la houlette de l’artiste Hubert Dufour, cette sculpture monumentale sera inaugurée le 28 mai prochain dans le parc de l’abbaye. l'Aisne 166 - Mai/juin 2008 Prémontré Dans l’enceinte de l’établissement psychiatrique de Prémontré, « La Cordonnerie « développe un important programme d’activités artistiques et culturelles. Vol au-dessus d’un nid d’artistes Tapis au cœur de la forêt de Saint- Gobain sur le site abbatial de Prémontré, l’Etablissement public de santé mentale départemental de l’Aisne (EPSMDA) est en toute discrétion l’un des rares établissements psychiatriques en France à disposer d’un véritable espace culturel. L’histoire commence en 2001, lorsque le réalisateur Jacques Baratier installe l’action de son film « Rien, voilà l’ordre « dans l’hôpital de l’ancienne abbaye. L’équipe soignante et une partie des patients prennent part au tournage et donnent la réplique aux comédiens Amira Casar, Claude Rich ou encore Jean-Claude Dreyfuss. Producteur de l’œuvre, Claude Kunetz est autant marqué par le lieu, que par la personnalité des patients rencontrés au cours de cette aventure cinématographique. « Ce fut une expérience très forte, aussi bien pour nous qui étions derrière la caméra, que pour eux qui jouaient leur propre rôle dans certaines scènes, » se rappelle-t-il. En matière d’activité culturelle, l’établissement disposait déjà d’un atelier dédié à la peinture animé par l’artiste saint-quentinois Luc Legrand. En 2003, suite à l’aventure du film, un espace culturel pluridisciplinaire s’installe dans les ateliers de l’ancienne cordonnerie de l’hôpital. Petit à petit, l’offre aux patients s’élargit grâce à différents partenariats. La Fédération des œuvres laïques (FOL) mobilise des intervenants pour mettre en place des activités de théâtre, d’aquarelle et de sculpture. Dans le cadre d’un de ces ateliers, un groupe de patients réalise une sculpture monumentale avec l’artiste laonnois Hubert Dufour. Fondue par les établissements Landowski, la création sera inaugurée dans les jardins de l’abbaye le 28 mai prochain. L’association « L’enfant à l’hôpital » fournit des ordinateurs, c’est d’ailleurs l’une de ses bénévoles, polytechnicienne de son état, qui donne les cours d’informatique. La Cordonnerie peut aussi faire valoir sa bibliothèque qui regroupe aujourd’hui 10 000 ouvrages, pour la plupart donnés par les éditeurs ainsi que par des producteurs d’émissions télévisées. La musique est également très présente sous la forme d’un atelier piano et percussion ou d’initiation instrumentale avec l’Orchestre de Picardie qui se produit régulièrement en concert devant les résidants. L’EPSMDA dispose aussi d’une salle de projection de 143 places où sont présentés des films récents grâce à la générosité de certains distributeurs et d’associations com- « La psychiatrie, on sait quand on y rentre, mais on ne sait pas quand on en sort. » me « Les toiles enchantés « et « FaireCourt «. La vidéo est également beaucoup utilisée par les patients qui n’hésitent plus à se prêter au jeu de la caméra. Tous les intervenants extérieurs qui viennent animer les activités de la Cordonnerie sont des professionnels n’ayant auparavant jamais eu de contact particulier avec la psychiatrie. C’était le cas de Pascal Voisine, responsable du centre culturel, qui s’est totalement investi dans la mise en place de cette structure après l’expérience du film de Jacques Baratier dont il était l’assistant réalisateur. « Je n’avais de la psychiatrie que l’image d’Epinal véhiculée par le cinéma, avoue-t-il. Au final, je n’ai pas rencontré Hannibal Lecter, juste des gens qui ne trichent pas. Ici tout est « cash «, les reproches comme les compliments. » L’EPSMDA accueille environ 400 patients, certains sont devenus des habitués de la Cordonnerie. « Ça me fait du bien de venir ici, affirme Eric, l’un des plus assidus depuis le début. Je fais de l’aquarelle, de la vidéo, je réalise des choses que je peux montrer autour de moi, c’est important. » Entré très jeune dans un parcours psychiatrique, Timo, 19 ans, a trouvé à la Cordonnerie les moyens d’exprimer ses élans artistiques, aussi bien en musique que devant la caméra. « Ici, on peut sortir un moment du modèle « soignant/soigné » confiet-il. Vous savez, la psychiatrie, on sait quand on y rentre mais on ne sait pas quand on en sort. A la Cordonnerie et dans les ateliers, on a enfin le sentiment d’être considéré comme tout le monde, d’être simplement des « gens ». |